Suspendre le temps un instant pour rendre un hommage vibrant

Mme Delphine Honoré professeur certifié d’anglais au collège Félix del Marle nous a malheureusement quitté.

Trop souvent happé par le quotidien nous ne prenons pas toujours le temps de vivre. Cet hommage à Mme Honoré a été l’occasion pour chacun de s’arrêter dans l’effervescence de son quotidien et de se remémorer les souvenirs vécus avec madame Delphine Honoré qui a consacré sa vie pour l’éducation. Cet instant de recueillement a été aussi l’opportunité de prendre conscience que demain ne nous est pas promis.

Chers collègues, chères collègues, chers élèves, Madame, Monsieur,

Nous nous y attendions tous sans se le dire ouvertement, mais la terrible nouvelle est tombée vendredi et nous en sommes encore incrédules : Madame Delphine Honoré nous a quittés.

Vos collègues et tous ceux qui vous ont apprécié et aimé sont ici aujourd’hui, pour vous rendre hommage. Nous sommes là, réunis en ce lieu, pour vous dire au revoir. Vous êtes partie avant nous, beaucoup trop tôt, et vous nous rappelez qu’ici-bas, notre vie est peu de chose.

Nous sommes très heureux d’avoir partagé avec vous une partie de ces années.

Votre départ va laisser un vide immense dans le souvenir et dans le cœur de toutes les personnes ici réunies. D’ailleurs, j’en profite pour adresser mes plus sincères condoléances à votre conjoint, à votre maman, et à tous les membres de votre famille.

Madame Honoré enseignait l’anglais au collège Félix del Marle d’Aulnoye-Aymeries depuis 2014 après avoir travaillé au collège Jacques Brel de Louvroil. Mais, au-delà des poncifs et d’une trop convenue revue de détail de ce que fut sa carrière, je souhaite davantage insister sur l’extraordinaire sens de la résilience dont a elle a su faire preuve.

Ce fut une longue épreuve, une expérience bouleversante qui l’obligea à affronter des situations auxquelles elle n’était pas préparée. Pour elle, c’était une vie qui à bien des égards ne ressemblait plus à la vie ; une vie où elle fut placée face à des questions qui souvent nous dépassent : où et comment trouver la force de se battre ? Comment continuer à vivre ? À quoi se raccrocher, s’il n’y a plus d’espoir de s’en sortir ?

Tout au long de sa présence dans notre établissement, notre collègue a appris à cultiver les valeurs qui fondent l’âme à espérer un séjour dans un village de bonheur et de paix. Elle s’est attelée à travailler pour son épanouissement personnel, pour le bonheur de ses proches, de ses collègues et le bien dans notre drôle de société. Elle m’a toujours, presque en s’excusant, exprimé ce profond désarroi dans lequel les limites de la souffrance physique l’avaient cantonnée.

Pourquoi aurait-on pu lui en vouloir de n’avoir pas pu s’investit à chaque instant ?

Au contraire, c’est à nous de lui présenter nos excuses de n’avoir sans doute pas toujours mesuré justement ce qu’a été sa résistance à la douleur et à l’adversité. Car personne n’aime être déstabilisé et devoir adapter ou modifier ses habitudes. Chacun a toujours une bonne raison pour justifier le besoin de maintenir ses habitudes, si petites soient-elles.

Et pendant ce temps-là, Madame Honoré luttait silencieusement et dignement.

Nous avion toutes et tous des impératifs, des obligations et des réunions.

Et pendant ce temps-là, Madame Honoré luttait silencieusement et dignement…

J’en appelle à tous et à tous de prendre le temps de penser aux autres, à celles et ceux qui souffrent, au détriment de notre confort, ne serait-ce qu’une fois de temps en temps. En cela, l’exemple de Madame Honoré doit nous servir de leçon.

Maintenant, elle va enfin pouvoir vivre !

En effet, la mort n’est pas le contraire de la vie. Elle assigne juste une limite aux souffrances humaines en mettant un terme à la vie, et ainsi, Madame Honoré aura enfin droit au bonheur éternel.

A l’heure où elle dépose son cartable, elle fait don de son travail à la postérité et aux membres de notre communauté éducative.

A ce titre, nous affirmons ici que Madame Honoré a été unique et que son expression ainsi que son regard se perpétueront au fil du temps, que sa sensation sera toujours présente au travers de notre mission d’enseignement qui unit tous les membres de notre communauté éducative au sein de laquelle elle restera toujours présente. Nous avons perdu notre Collègue mais nous ne l’abandonnerons pas. En conséquence, notre deuil n’est qu’une sépulture symbolique par des mots qui se veulent être la manifestation d’une profonde émotion. Notre Collègue nous a quittés mais elle ne nous quittera pas.  Regardons toujours vers l’avenir, même si le passé ne doit pas être effacé.

L’académie de Lille a peut-être perdu l’une de ses plus honnêtes et authentiques enseignantes, mais ce qui est sûr, c’est que notre collège a perdu l’une de ses lumières.

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